Le bassin minier du Nord pas de Calais fut le fer de lance du renouveau industriel français, après guerre, avant de rendre l’âme, en 1990. Le charbon avait fait son temps, une page d’histoire s’était tournée.
Mais pas complètement. Parce que cette histoire, ils sont nombreux, de Lens à Aremberg ou Lewarde, à ne pas vouloir l’oublier. Elle a façonné leurs vies, souvent après celles de leurs parents, et ils en sont toujours fiers. Alors, ils se battent à leur façon pour que personne n’oublie : Achille Blondeau, l’oeil pétillant, se rappelle des grandes grèves de 48, quand il s’est agi de donner plus de pain et de dignité aux mineurs qui relevaient la France ; Désiré Lefait et Jean Marie Minot renfilent leurs bleus pour entretenir amoureusement les machines de la fosse 9/9bis à Oignies ; Philippe Frutier survole cet arc immense dans son petit avion, pour prendre des photos superbes ; Patrick Offe explique inlassablement à des gamins bouche bée cette étrange géographie, faite de terrils et de chevalements, et truffée de galeries. Tous ceux la, et tant d’autres, se sont battus pour que leur terre soit reconnue comme un morceau important de notre pays. Certains d’entre eux ont pleuré quand l’UNESCO a classé le bassin minier au patrimoine mondial de l’humanité… Après l’oubli, cette reconnaissance les a touchés. Et comme ils vivent encore au pays des cafés qu’on partage, des solidarités et de la fierté, ils aiment dire leur aventure, avant, et maintenant. Et nous prendre par l’épaule, pour nous emmener dans leurs rudes et beaux souvenirs.